vacances de pâques

Une destination peu commune: Mayotte. Ma mère est partie s'installer là-bas il y a quelques mois. Valises faites et remplies de crèmes solaires, nous voilà dans le pays français le plus éloigné de nos codes... Une semaine d'adaptation à la chaleur et au climat tendu d'une société où tout s'est accéléré ces dernières années. Pays où les rares touristes se croisent en se regardant et se demandant ce qu'ils font là et pourquoi... Par envie d'exotisme et d'originalité bien sûr! Bref c'est un magnifique et étonnant pays. Mais ce dont je veux parler c'est de ma vie de belle-mère... Alors voilà les dernières aventures en date.

Louloute dans l'avion: "Pourquoi on part 15 jours? C'est beaucoup non?"   Ce à quoi je lui réponds: "Ha bon tu trouves? 11h de vol à l'aller, 14 au retour (avec escale), le prix des billets, c'est mieux d'amortir le coup..."   Je la sens inquiète d'aller dans un pays qui se situe en dessous de l'équateur et où elle s'imagine qu'il n'y aura rien à faire parce que les gens sont pauvres là-bas, pas comme à Saint Trop! Ok alors comment éviter toute interprétation et fantasme sur ce qu'elle peut imaginer... Me dire en moi-même que ce n'est que ce que j'imagine et pas forcément ce qu'elle pense! Je respire et j'attends. Rien de plus à me dire Louloute prend sa tablette et joue. Ok je mets les écouteurs et j'entreprends de choisir un film, pour éviter de fantasmer qu'elle fantasme... Boubou, plus jeune est surexcité et s'emballe sur le sujet à la moindre occasion, voire même répond à ma place aux questions de sa soeur avec des idées positives plein la bouche... Merci Boubou je te kiffe. Arrivés, on prend nos marques. Plage chaque jour, snorkeling, poissons, tortues, coraux... le rêve.

7eme nuit, vu le peu d'intimité que Chéri et moi avons, nous confions les enfants à ma mère pour passer 20h en amoureux. Louloute (qui s'est très bien faite au pays) me dit de ses grands et magnifiques yeux bleus, se lovant dans mes bras: "J'ai pas envie que vous partiez sans moi"     Comment te dire que là j'ai un besoin urgent et vital d'être quelques heures seule avec ton père!!! rrrrrr!!! même si t'es trop chou en faisant tes yeux du chat botté dans Shreck!!!        En vrai je réponds avec tendresse: "dis donc ma chérie, quand tu pars en vacances avec maman et que d'après toi, elle sort tous les soirs, tu lui dis quelque chose? Non, parce que moi j'ai l'impression qu'on est le plus souvent avec vous, non?"   Rester pragmatique, montrer des exemples concrets pour ne pas virer dans le fantasme qu'elle puisse fantasmer... Cohérence, cohérence... :-) Ce à quoi elle me répond: "Non je ne dis rien à maman, et justement c'est parce que je suis si bien avec vous que je n'ai pas envie d'être séparée de vous".  Evidemment je fonds, évidemment je sais qu'elle sait que je l'adore!!! Mais le chantage affectif ne marche pas pour autant :-) Allez salut les zouzous à demain bisous on vous aime soyez sage avec Coco (mamie en mahorais). J'appelle dans la soirée, c'est Coco qui répond et évidemment ils s'éclatent avec des enfants du village et nous ont complètement zappés! 

Dernière anecdote de cet article et pas des moindres, parce que je suis dans un réel souci de ne froisser personne sans pour autant fermer ma bouche! Car l'idée de ce blog c'est de dire la vérité, toute la vérité... Pour comprendre, aider et échanger avec celles qui sont dans la même situation que moi... Alors voilà: la mère de louloute et boubou (que l'on nomme C, pour l'anonymat) souhaite que l'on envoie des photos des enfants PENDANT les vacances. L'été dernier déjà, elle nous en avait fait la demande et nous lui avions bien fait comprendre à notre retour que les photos c'est pour après les vacances et pas PENDANT. Seulement, elle réitère la demande, et devant les enfants!!! (Heu je parle français ou pas!) Ce à quoi nous ne répondons rien. A Mayotte, Louloute demande à ce qu'on envoie des photos d'elle avec les makis, dans le baobab, avec son masque et son tuba... Bref ça me saoule mais je ne dis rien et je ne le fais pas pour autant... Au lieu de répondre avec énervement sur le moment, j'attends que ma vague émotionnelle passe pour me laisser aussi le temps d'analyser ma propre réaction. Mes conclusions, validées par Chéri sont: ce sont NOS vacances! C. n'est pas pour autant balayée du schéma parental puisque nous en parlons: l'appeller 1 fois ou 2 pendant les vacances, lui envoyer une carte postale, lui ramasser des coquillages, lui ramener un cadeau, et j'ai même donné mon appareil photo aux enfants pour qu'ils prennent justement des photos à lui montrer à leur retour". (Pour info elle ne les a toujours pas regardées). C'est juste que C. parfois peut en demander un peu trop sans s'en rendre compte (en tout cas je l'espère même si parfois j'en doute) et que du coup moi, là où avant je ne m'affirmais pas assez, et bien aujourd'hui je dis non! Ai-je le droit? Comment le dire? Ou juste le faire? Ma réponse: je prends la place que je souhaite occuper, sans envoyer valser celle de l'autre, mais simplement me respecter moi-même, et voir où sont mes limites, les tester, essayer et faire ce qui me va le mieux à ce moment précis. Là où je réalise que j'ai de la chance, et c'est vrai que ce n'est pas le cas pour toutes les belles-mères, c'est que Chéri et moi nous sommes toujours d'accord, ça aide. Donc non C. ne recevra pas de photos pendant NOS vacances. Pourquoi? Je trouve que ça culpabilise les enfants d'être dans un coin de paradis sans leur maman, d'être heureux un temps donné sans leur maman, et ça décuple leur inquiétude pour elle. Un soir Louloute me l'a dit. Nous avons eu une longue discussion sur le sujet. Avec les mots réconfortants nécessaires, le soutien moral primordial que j'accorde à leur maman mais sans pour autant me placer en seconde place. Car oui maman c'est maman, mais moi c'est moi. Il n'y a pas de place n°1 et n°2, il y a C. et A. Deux personnes bien différentes, qui apportent des choses différentes... "Voilà pourquoi je ne veux pas envoyer de photos à ta maman: je souhaite pour toi, que tu puisse vivre pleinement chaque moment de TA vie, t'épanouir TOI, penser à TOI, TE sentir bien, d'être heureuse, sans culpabiliser pour elle, tu en as le droit..."

Ma conclusion: parler, beaucoup parler pour être entendue, respectée. Entendre la demande de l'autre dans la limite du raisonnable pour soi. Ne pas se mettre dans une situation de: "je comprends, je passe tout" sous prétexte que je suis quelqu'un de bien, de compréhensif... Trop bonne trop conne j'ai déjà testé et je trouve que ça ne me va pas, ça ne me ressemble pas du tout... Ne tombons pas pour autant dans le schéma inverse. Ecoutons-nous, esssayons de comprendre ce qui se passe en nous et ensuite proposons... Le refus coince n'importe quelle situation tandis qu'exprimer notre désaccord et proposer...